|
Section
modifiée le 13.01.99 |
|
Le Jour J, résumé des opérations
La journée du 5 juin : le report
Le jour J est initialement prévu pour le 5 juin 1944.
Comme la tempête fait rage dans la Manche, Eisenhower est obligé de reporter
l'opération, le 4 juin à 9h45. Il décide de retarder l'attaque pour le 6 juin à
l'aube, la météo annonçant une légère accalmie.
Au même moment, Rommel tranquillisé par les prévisions
de mauvais temps, décide de partir en Allemagne pour fêter en famille l'anniversaire de
son épouse et profiter de rencontrer Hitler afin de lui arracher le commandement des
réserves blindées.
Durant la journée du 5 juin, près de 20'000 navires de
toutes sortes, des cuirassés au barges de débarquement, quittent les ports anglais. Ils
transportent 280'000 combattants.
La mer est démontée, le plafond bas. Les hommes sont
transis et souffrent pour beaucoup d'entre eux d'un violent mal de mer.
La nuit du 5 au 6 juin : GO !
Le 5 juin 1944, à partir de 22 heures, des milliers
d'avions vont décoller des dizaines de terrains d'aviations disséminés à travers de
l'Angleterre. Leur mission : bombarder et neutraliser toutes les organisations défensives
allemandes ainsi que les voies d'accès au secteur prévu pour le débarquement.
Le commandement allemand remarque bien évidemment cette
activité aérienne anormale, mais suite à l'opération Fortitude et sa formidable
intoxication, c'est l'armée du Pas-de-Calais qui est mise en alerte et non pas celle qui
défend les plages normandes.
A minuit, le 6 juin, les premiers parachutistes et planeurs
britanniques atterrissent près des ponts situés sur l'Orne et le canal menant à la mer.
Malgré la dispersion des effectifs, les principaux points sont rapidement pris à
l'ennemi et solidement tenus : Pegasus Bridge dès 0 heure 20, la batterie de Merville
dès 4 h 30 après de furieux combats au corps à corps.
Dans le secteur situé à l'arrière de Utah Beach, les
divisions parachutistes américaines (101ème et 82ème) sautent dans le secteur de
Sainte-Mère-Eglise. La dispersions des effectifs est effroyable et de très nombreux
parachutistes vont se noyer dans les marais, emportés au fond par les 80 kg de leur
équipement. Néanmoins, Ste-Mère-Eglise est tenue dès 0 heure 30 et Ste-Marie-du-Mont,
proche de Utah Beach, est occupée dès xx heures. (6h30 ?).
A 1 heure 45, Von Runstedt est informé des parachutages
alliés et met en alerte toutes les unités de la côte, ainsi que la 21ème division
Panzer, stationnée dans la région de Falaise.
L'aube du 6 juin : 5'000 navires face à 100 km de côtes
L'aube du Jour J va se lever. Sur les 2 côtés du champ de
bataille, se battent depuis minuit 18'000 américains, canadiens et britanniques.
Face aux 5 plages voguent 5'000 navires. Vers 2 heures du
matin, ils stoppent et les hommes commencent à descendre dans les barges de débarquement
à fond plat. La première vague américaine doit toucher les plages de Utah et d'Omaha à
partir de 6 heures 30. La première vague anglo-canadienne doit toucher les plages de
Gold, Juno et Sword à partir de 7 heures 30. Ce décalage est dû au fait que les heures
de marées ne sont pas les mêmes sur les 2 fronts.
Pendant ce temps, les soldats allemands rejoignent leurs
postes de combat, face à la mer.
A 4 heures, les bombardiers alliés les attaquent
massivement, pilonnant, ensevelissant les positions repérées à l'avance. Lorsque la
fumée et la poussière des bombardements cessent, ce sont les cuirassés, croiseurs et
destroyers qui passent à l'attaque et qui martèlent les positions défensives
allemandes.
La journée du 6 juin 1944 : le débarquement
Utah Beach, la décision de Roosevelt
A Utah, la première vague atteint la plage à 6 heures 30,
non pas à la hauteur de St-Martin-de-Vareville comme prévu, mais à 2 km plus au sud,
face au point d'appui allemand W5.
La résistance allemande est faible, les positions
défensives ayant été disloquées par les divers bombardements. De plus, grâce à
l'erreur de navigation, les unités se trouvent hors de portée des batteries allemandes
situées plus au nord de la zone.
Le général Roosevelt qui a débarqué avec la première
vague et s'est aperçu de l'erreur, prend alors la décision de poursuivre le
débarquement là où il a commencé.
Très vite, une puis deux sorties de plages sont ouvertes
grâce au génie. La 4ème division s'engouffre dans la brèche. La jonction avec les
parachutistes de la 101ème division est réalisées dans les premières heures de la
matinée à Ste-Marie-du-Mont, à Pouppeville, près de St-Martin-de-Vareville, à
Audouvillé-la-Hubert.
Toute la journée, des combats décousus vont se poursuivre
sur une vaste zone, entre les parachutistes américains qui tentent de se regrouper et qui
cherchent également à joindre les fantassins de la 4ème division débarquée, et les
grenadiers allemands de la 91ème division.
Au sud, le 6ème régiment allemand de parachutistes du
Lieutenant-Colonel Von der Heydte barre la direction de Carentan et contre-attaque. Un de
ses bataillons réussit à atteindre le centre de la zone occupée par les parachutistes
américains, à Turqueville, à proximité même de Ste-Mère-Eglise qui a été
délivrée par la 82ème division parachutiste américaine, peu après minuit.
Ainsi, le soir du 6 juin, dans cette zone, on ne peut pas
parler d'un front clair, les Américains tenant une bande côtière ainsi qu'un
foisonnement de petits secteurs, hameaux, carrefours. Il faudra encore deux jours pour que
la zone comprise entre Utah Beach et la nationale 13 soit complètement conquise.
La Pointe du Hoc, les Rangers héroïques
Entre Utah et Omaha Beach, la Pointe du Hoc domine la mer
de sa falaise verticale de plus de 30 mètres. Surtout, elle est couronnée dune
batterie dartillerie de 4 pièces de 155 mm qui menacent les 2 plages américaines.
Pour cela, on a confié au Colonel Rudder du 2ème
bataillon de Rangers la délicate mission de prendre la falaise dassaut et de
semparer de la batterie dartillerie.
Dans les jours précédents le débarquement, la Pointe du
Hoc a fait lobjet de bombardement aériens massifs qui obligèrent les artilleurs
allemands à retirer les pièces de leurs casemates pour les installer provisoirement dans
un petit chemin de campagne non loin de la batterie. Néanmoins, les Alliés ignorèrent
ce changement.
A laube, les Rangers partirent donc à lattaque
des falaises de la Pointe du Hoc avec des échelles de pompiers installées sur des
chalands, des cordes tirées avec des fusils, des grapins, des échelles pliables, etc.
Après une escalade meurtrière, les Rangers occupent la
position et devront affronter plusieurs contre-attaques dans les 2 jours qui suivirent
avant dêtre relevés par linfanterie venue depuis la plage dOmaha.
Omaha Beach, la sanglante
Dès le début des opérations, tout sest très mal
passé sur la plage dOmaha. En effet, le renseignement allié na pas eu
connaissance de linstallation quelques jours plus tôt de la 352ème
division dinfanterie allemande sur les hauteurs de la plage.
Ce renfort a eu pour résultat que les premières vagues
dassaut des 1ère et 29ème divisions dinfanteries US
qui ont abordé la plage à 6 heures 30 se sont heurtées à un déluge de feu qui les a
décimées.
Une grande quantité de chalands ont été détruits avant
même darriver sur la plage. Tout le matériel lourd dont le génie avait besoin
pour détruire les obstacles et murs a été coulé. Les tanks amphibies (DD), lancés
trop loin de la côte dans une mer démontée ont coulés les uns après les autres. Rares
sont ceux qui ont pu rejoindre la plage.
Au fur et à mesure que le temps passe, la marée remonte
et ne laisse aux GIs quune bande de sable de plus en plus étroite. Un
incroyable entassement dhommes et de matériels va saccumuler sur la plage
toujours battues par les tirs allemands.
En fin de matinée, le Général Bradley qui surveille les
opérations depuis son croiseur, le USS Augusta, prévoit même de faire rembarquer
les troupes et de les diriger vers la plage dUtah dont il a reçu des nouvelles
optimistes.
Ce nest que vers midi trente que sous
limpulsion de quelques officiers supérieurs (général Cotta et Colonel Canham en
particulier) les sapeurs vont pouvoir ouvrir des brèches dans le « Mur de
lAtlantique » et permettre aux troupes de senfoncer dans
lintérieur.
Le soir, Vierville, Colleville et St-Laurent sont prises.
Les troupes allemandes, à court de munition, ont été obligées de se replier en
attendant des renforts qui ne viendront pas.
La résistance allemande à Omaha Beach (2 divisions
dinfanteries : 352ème et 716ème) aura démontré que si
le Maréchal Rommel avait pu obtenir en réserve directe derrière les plages normandes
les divisions blindées quil demandait à Hitler, les chances de succès du
débarquement auraient été très faibles.
Gold Beach, les britanniques à l'assaut de Bayeux
Dès 7 heures 30, la 50ème division britannique
« Northumberland » débarque sur la plage de Gold Beach, entre Asnelle et
Vers-sur-Mer. Cette plage est entourée de chaque côté par de hautes falaises.
Néanmoins, vers 11 heures, 7 passages vers
lintérieur des terres sont ouverts. Les blidés sy engouffrent et prennent
Creully.
Les patrouilles blindées se dirigent vers Bernières et
font la jonction avec les canadiens débarqués à Juno Beach.
A louest, la route de Bayeux est coupée et la ville
elle-même sera prise dès le lendemain. Bayeux sera donc la première ville française
libérée.
Enfin, le soir du 6 juin, un commando de marine réussit
même à coiffer les hauteurs au sud de Port-en-Bessin, à près de 20 km de son lieu de
débarquement et à seulement quelques kilomètres des Américains débarqués à Omaha
Beach.
Juno Beach, les canadiens à l'oeuvre
La 3ème division cannadienne débarque sur Juno
Beach, face à Courseulles, dès 7 heures 30. Comme pour les britanniques, les canadiens
se font précéder des chars spéciaux qui permettent de déminer et de passer en force au
travers des divers obstacles qui constituent la première ligne de défence allemande.
De durs combats ont lieu entre Courseulles et
Bernières-sur-Mer. Néanmoins, la situation tourne rapidement à lavantage des
Canadiens et des patrouilles prennent la direction de Bretteville sur la route de Caen et
dAnisy sur la route de Courseulles à Caen.
Sword, face aux Panzers
Sur Sword Beach, entre Hermanville et Ouistreham, la 3ème
division britannique débarque dès 7 heures 30, précédée des chars fléaux démineurs.
En dépit de lintense préparation dartillerie
navale et aérienne, de nombreux points dappuis allemands sont indemnes. Dès que
les chalands de débarquements abordent la plage, les fantassins sont pris sous le feu des
armes automatiques et des canons anti-chars.
Il faudra attendre 9 heure 30 pour que la plage soit
nettoyée et que puisse être commencée la pénétration vers lintérieur des
terres.
Deux objectifs majeurs : faire la jonction avec les
parachutistes de la 6ème division aéroportée qui sont à bout de forces
devant les contre-attaques allemandes et semparer de Caen, objectif du Jour J.
La jonction avec les parachutistes se fera vers midi et la
prise de la crête de Periers en début daprès-midi laisse augurer dune
prochaine entrée dans Caen.
Hélas, les choses vont tourner au drame puisque la 21ème
division de Panzer stationnée entre Caen et Falaise va se mettre en route pour
contre-attaquer les positions des parachutistes tout dabord, avant de recevoir en
fin de matinée lordre de se porter au-devant des troupes débarquées à Sword.
Une première contre-attaque se fera dans
laprès-midi, permettant même à des grenadiers allemands de percer jusqu'à la
mer, mais ce succès éphémère ne pourra pas être consolidé et les panzers livreront
surtout des combats qui stabiliseront le front devant Caen pendant plusieurs semaines.
La situation au soir du 6 juin
Fragile, étroite, éclatée, la tête de pont en terre
normande est néanmoins réalisée. Toute la journée, les combats se sont succédés
entre les forces alliées et allemandes.
Une seule grande unité allemande a néanmoins été
engagée bien que tardivement, la 21ème Panzer Division, alors quau
soir, les alliés ont pu débarquer 100'000 combattants.
Hitler ne donnera son accord quà 16 heures, le 6
juin 1944, pour le déplacement de 2 division Panzer qui attendent dans la région
parisienne. Ces unités mettront plusieurs jours à rejoindre le front à cause des
nombreux raids aériens et des actions de la Résistance française.
La situation le soir du 6 juin préfigure assez bien la
bataille qui va suivre.
A louest, à la base du Cotentin, une large zone est
prise par les Américains, les unités allemandes de diverses natures font face, mais la
coupure du Cotentin est amorcée.
A lest, les Alliés ne sont quà 6 km de Caen.
La contre-attaque de la 21ème Panzer a échoué puisque les britanniques
nont pas pu être rejetés à la mer, mais elle a réussi à leur barrer la route de
Caen. La cité ne pourra être prise quaprès de longues semaines de combats de
blindés.
Au centre, la 716ème division dinfanterie
allemande a fait front et a rendu le débarquement à Omaha Beach très difficile et
coûteux. Le front devra sélargir en pénétrant le bocage qui sétend de
Caen à St-Lô et Coutance. Ce sera la bataille des haies, qui prendra plusieurs semaines
sur un terrain propice à la défense.
Le 12 juin, Winston Churchill visite la tête de pont et le
14 juin, le Général de Gaulle pose le pied sur le sol libéré et va prononcer un
discours historique à Bayeux. |