Une forteresse imprenable
En décembre 1941, Hitler proclama à la face du monde que le IIIème Reich contrôlait
tout le littoral de lEurope Occidentale, depuis le Cap Nord jusquau Golfe de
Gascogne. Le Führer déclara : Ma décision inébranlable est de rendre ce front
infranchissable à toute attaque de ladversaire ».
Hitler mit donc au point un redoutable système de défense composé dune ceinture
de béton, dacier, de canons et de troupes, qui suivait toutes les côtes sur près
de 4'000 kilomètres. Cet ensemble portera le nom de Mur de lAtlantique. Au cours
des années suivantes, le Mur devint pour le Führer une obsession. Pour les états-majors
alliés chargés de préparer le débarquement, le Mur constituait la plus formidable
position défensive de la guerre.
Hitler ordonna la construction de 15'000 points dappuis fortifiés qui seraient
servis par 300'000 hommes. Ces installations furent construite par lentreprise de
grands travaux militaires : lOrganisation Todt, qui portait le nom de son
créateur, le Dr Fritz Todt auquel succèdera le ministre du Reich, Albert Speer.
Les premiers travaux vont commencer en 1942 pour se poursuivre jusqu'en 1944. La densité
des fortifications atteindra son point le plus élevé dans une zone comprise entre les
Pays-Bas et le Havre, là où la Manche est la plus étroite. Pendant 2 ans, 250'000
hommes vont utiliser plus dun million de tonnes dacier et couler près de 15
millions de mètres cubes de béton pour la construction du Mur.
Malgré que la majorité du commandement allemand éprouvait la plus grande confiance en
la solidité du Mur, certains affichaient cependant leur scepticisme. Le Maréchal
Rundstedt, commandant suprême de lOuest, estimait que le Mur à lui seul ne
permettrait pas de briser une offensive alliée. De son côté, le Maréchal Rommel était
du même avis, associant le Mur à « une élucubration sortie de lesprit
fumeux du Führer ». Néanmoins, quand Rommel sera nommé inspecteur des défenses
de lOuest, il consacrera tous ses efforts au renforcement du système fortifié.
LOrganisation Todt
Le Mur de lAtlantique fut en grande partie construit par des travailleurs forcés.
Pour remplacer les ouvriers allemands mobilisés dans larmée ou dans les industries
darmement, des prisonniers de guerre et des civils de toute lEurope seront
réquisitionnés pour lOrganisation Todt afin de construire les puissantes défenses
côtières.
A lapogée des travaux en 1943, près de 90% des membres de lOrganisation Todt
étaient des étrangers. Soumis à une étroite surveillance et à une forte pression, les
ouvriers travaillaient dans de dures conditions et sans interruption.
Des ouvrages standardisés
Les services techniques allemands étudièrent près de 700 modèles douvrages pour
les installations prévues long du Mur de lAtlantique. Ils retinrent ensuite un
modèle type pour un usage bien déterminé.
Il y eut ainsi des ouvrages destinés à lartillerie côtière, à la DCA, des
blockhaus pour les pièces légères et les armes automatiques, des dépôts de munitions,
des tours dobservation, des postes de communications, des abris médicaux,
dénormes blockhaus dotés de réserves deau et des installations de
production délectricité.
Les emplacements dartillerie constituaient le cur des organisations
défensives. Les canons se trouvaient installés sous des épaisseurs de bétons qui les
protégeaient des bombardements aériens. Ces positions disposaient de tout un ensemble de
blockhaus eux-mêmes protégés par un cordon défensif constitué de tranchées, nids de
mitrailleuses, pièces antichars, obstacles divers (barbelés, tétraèdres, etc) et
champs de mines.
Dingénieux camoufleurs
En 1942, le Général Rudolf Schmetzer, inspecteur des défenses terrestres en Europe
Occidentale, imposa le principe défensif selon lequel le « camouflage est aussi
important que les abris de béton ».
Conformément à cette directive, les officiers responsable de la défense
népargnèrent aucun effort pour camoufler leurs positions. La XVème Armée
constitua un groupe détude composé de botanistes, de zoologistes, de géologues,
dingénieurs et dexperts militaires afin de pouvoir résoudre les nombreux
problèmes concernant la dissimulation des point dappui de ses unités.
Dans les ville, on donna aux ouvrages de défense lallure de villas dotées de
fausses toitures et de portes factice. Nombre de postes de surveillance présentaient
laspect dune église avec son clocher.
Dans la campagne, les façades de béton des ouvrages étaient enduits de crépis
reproduisant la texture de la roche alentour. On tendait également dimmenses filets
de camouflage par dessus les positions. Mais la solution la plus répandue resta le
recouvrement des bunkers par de la terre que lon recouvrait ensuite de végétation.
Seules les ouvertures restaient visibles.
La « zone de mort »Pour
défendre les plages de la Manche, Rommel construira un réseau de pièges destinés à
neutraliser tout assaillant éventuel. En juin 1944, un demi-million dobstacles et 4
millions de mines avaient été mis en place entre le Pas-de-Calais et Cherbourg.
Des poteaux de bois ou de fer, souvent dotés de charges explosives, devaient éventrer
les chalands de débarquement. Des faisceaux de barres métalliques truffaient les plages
et des obstacles antichars en béton sétendaient en arrière.
Rommel avait conçu lui-même ces obstacles dans le but de créer une « zone de
mort » pour décourager tout débarquement.
« La guerre, disait-il, sera gagnée ou perdue sur les plages » et il
népargnera rien pour remporter la bataille, le Jour J.
|
|