Vimoutiers est une petite aglomération qui se trouve à quelques kilomètres au nord-est
du Mont-Ormel qui fut le point de jonction des armées anglo-canadiennes et américaines
lors de la fermeture de la Poche de Falaise. Cette bataille devait sceller le sort de la
7ème Armée Allemande et par là-même terminer la Bataille de Normandie qui deviendrait
dès lors la Bataille de France.
En effet, à la fin du mois d'août 1944, les restes de la 7ème Armée Allemande se
trouvaient pris en tenaille par les forces anglo-canadiennes au nord et les forces
américaines à l'ouest et au sud. Seule la direction vers l'est (Rouen et Paris) offrait
une échapatoire aux survivants allemands.
La pression exercée par les Alliés est énormes et des dizaines de milliers de soldats
allemands battant en retraite formaient des convois immenses. Ceux-ci étaient harcelés
jours et nuits par l'aviation et les attaques de chars et de l'artillerie des Alliés.
La débandade allemande s'accélérera dès la 2ème semaine du mois d'août, les soldats
abandonnant des quantités incroyables de matériel pour tenter de sortir de ce que l'on
appèlera le "Chaudron de Falaise". Le massacre sera horrible et se terminera
par la clôture du dernier passage large d'à peine kilomètres ("Le Couloir de la
Mort") le dimanche 20 août à 17 heures.
Les allemands laisseront plus de 10'000 morts dans ces derniers kilomètres carrés ainsi
que 187 chars et canons automoteurs, 157 voitures blindées légères, 1778 camions, 669
voitures et 252 pièces d'artilleries (rapport des investigateurs britanniques du 2ème
Operational Research Section fait à l'intérieur du carré délimité par Pierrefitte,
Argenatn, Chambois, Vimoutier et Trun). Ce rapport précise que le décompte des moyens
hippomobiles ne put être fait à cause de la puanteur extrême dûe à l'énorme
quantité des chevaux morts.
Dans le cadre de la défense de ce dernier secteur, 5 chars lourds allemands bloquaien la
route allant vers le sud, de Vimoutiers à Gace. Ces chars appartenaient à la 203ème
Panzer Abteilung (une unité de la SS qui était placée sous le commandement de la
Wehrmacht) et furent opposés à la 2ème Division Canadienne qui atteint Vimoutiers le 21
août dans la journée.
Le "Tiger" (PzKpfw 6) qui nous intéresse ainsi que deux chars du même modèle
étaient postés à côté du remblai de chemin de fer et deux Panzer III se trouvaient
plus haut sur la route.
Le "Tiger" fut poussé sur le bord de la route et abandonné. Alors qu'au cours
des années, les autres chars furent enlevés les uns après les autres, le
"Tiger" resta sur le bord de la route, glissant peu à peu sur le remblai vers
un chemin en contrebas.
Il fut acheté par un particulier qui le laissa là, dans l'état, quasimment intégré au
paysage. Après la mort de ce dernier, une femme de la région passant devant l'épave vit
que celle-ci allait être la proie des bouteilles d'oxygène et des chalumeaux, ce qui
signifiait la disparition rapide du "Tiger", dernier témoin des terribles
combats de cette région.
La mairie de Vimoutiers fut alertée, puis le Ministère de la Guerre à Paris. Les choses
s'arrangèrent et le maire de Vimoutiers, le char fut acheté par la ville pour la somme
de 6'000 francs français de l'époque (1975). Le "Tiger" fut restauré et
installé sur un socle en béton le mettant en valeur et situé à l'endroit où il fut
abandonné par les Allemands. Il a été classé monument historique ce qui le met
définitivement à l'abris.
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