Objectif Cherbourg : la conquête du Cotentin

Le nettoyage devant les plages

Cherbourg et son port est un objectif prioritaire pour les Alliés. En effet, les plages du Débarquement ne permettront, malgré l'installation des ports artificiels, pas le remplacement d'un vrai port côtier. La prise de Cherbourg est donc vitale pour la conduite future de la Campagne de France.

Le 18 juin, les Allemands (709ème, 243ème et 91ème DI) ont été repoussés par la 4ème DI US au nord de la ligne Montebourg / Azeville / Crisbecq, aux prix de 2'200 hommes perdus.

La 9ème DI (Général Eddy) a contribué à la liquidation des derniers points forts côtier. Quinéville est tombée le 15 juin à l'issue de 16 heures de combats exceptionnellement acharnés sur ce secteur du front. Les Américains ne viendront à bout de ses défenseurs qu'en employant deux régiments d'infanterie, des chars, l'appui de l'artillerie navale et l'intervention des avions qui largueront même des bombes au napalm. Utah Beach étant dès lors débarrassée de toute menace de bombardement, le débit débarqué sur la plage passe de 1'500 tonnes journalières à 4'500 tonnes.

La coupure du Cotentin

Les objectifs du Jour J sont maintenant atteint et l'effort du 7ème Corps se concentre maintenant sur la tête-de-pont péniblement conquise par la 82ème aéroportée sur le Merderet, pour s'apprêter à couper la presqu'ôle du Cotentin.

Le terrain à conquérir au-delà des marais de la Douve et du Merderet est constitué de champs, délimités par de hautes haies d'arbres et de taillis : le bocage. Les Américains vont découvrir un type de terrain qu'aucun stratège ayant élaboré les plans de bataille n'avait prévu. Chaque haie, chaque chemin devra être nettoyé à la grenade et à la baïonnette pour devoir recommencer quelques dizaines de mètres plus loin.

Le 15 juin, la 82ème Aéroportée menace St-Sauveur-le-Vicomte qu'occupe un régiment de la 265ème DI allemande qui vient d'arriver de Bretagne. La 90ème DI US est engagée à l'est d'Orglandes, la 4ème DI US à sa droite, et maintient la pression face au nord, alors que le 9ème DI US progresse vers l'ouest face à la 77ème DI allemande arrivée au front.

Le 16 au soir, St-Sauveur-le-Vicomte tombe et le génie y jette un pont pour passer sur la Douve. Ste-Colombe est prise par la 9ème DI US qui ne peut dépasser Néhou. Orglande tombe le 16 au matin et la 9ème DI US rentre dans Néhou évacuée par les Allemands pendant la nuit. Elle s'engage sur la route de Barneville-sur-Mer qu'elle atteint en fin de journée, jetant la confusion parmi les troupes de la 77ème DI allemande.

La presqu'ôle est définitivement coupée le 18 juin au matin et les 9ème, 79ème et 4ème DI US font face au nord, alors que la 90ème DI US prend en charge la zone transversale nettoyée de Barneville à Utah.

La poussée vers le nord

Le 19 juin, après un fort bombardement aérien visant à éviter les combats de rue, Montebourg est trouvée inoccupée et est traversée par la 4ème DI US, la 9ème DI US entrant sans opposition dans Bricquebec. Le 20 juin enfin, la 3ème DI US atteint Valognes, elle aussi trouvée déserte mais néanmoins sévèrement bombardée, ce qui confirme que les Allemands regroupent leurs forces autour de Cherbourg.

Le Général allemand von Schlieben prend le commandement de toutes les troupes du nord du Cotentin, soit près de 40'000 hommes des 709ème, 77ème, 91ème, 243ème DI et quantité d'unités de la Marine, de l'artillerie côtière, de la DCA et de l'Organisation Todt.

Les 3 divisions américains opposées rencontrent à 15 kilomètres de Cherbourg une agressivité étonnante de la part des Allemands qui montrent bien leur volonté de résister longtemps sur les fortifications organisées de la ceinture de Cherbourg. Le paysage a aussi changé et le bocage fait place aux prairies ponctuées de forêts parsemées de rocailles granitiques.

Les troupes américaines arrivent le 21 juin au contact des deux lignes successives de la " Festung Cherbourg ", et tout d'abord, la ligne défensive qui court du Cap Levi à Hardinvast, Martinvast, Ste-Croix-Hague et Branville. Les canons antichars embusquées, enterrés ou sous casemates détruisent 36 Sherman le 21 alors que la marine américaine apparaôt au large de Cherbourg pour interdire tout ravitaillement ou retraite allemande par la mer.

La prise de Cherbourg

Le Général Collins fait parvenir dans la nuit du 21 au 22 juin un ultimatum au Général von Schlieben qui reste sans réponse. Le Général Bradley n'ayant pas le temps de s'offrir le luxe d'un siège, une attaque aérienne est lancée sur la principale ligne de défense le 22 juin par 600 appareils, suivie d'un bombardement mené par 400 bimoteurs, ce qui occasionne un chaos considérable dans les communications allemandes.

La 4ème DI US s'élance depuis Maupertus le 22 et enlève fastidieusement les fortins un par un jusqu'au 24 juin. La 79ème DI US (Général Wyche), au centre, est bloquée à Hardinvast tandis que la 9ème DI US ne progresse guère jusqu'au 24 juin.

L'emploi massif de l'artillerie soutenue par des escadrilles de chasseurs bombardiers se succédant sans cesse finit le 24 juin par obtenir un résultat et la ligne de défense allemande est percée en plusieurs point, isolant des ouvrages fortifiés. Un dernier ultimatum de capitulation sans conditions est envoyé le 25 juin aux défenseurs Allemands alors que 3 divisions US se battent dans Tourlaville, le Fort du Roule, Octeville et Equeurdreville.

Tous les points forts et les batteries sont neutralisés et enlevés les uns après les autres après d'intenses préparations d'artillerie et l'intervention des chasseurs bombardiers qui attaquent les ouvrages à la roquette et au napalm.

Le 26 juin, enfin, après la prise des étages inférieurs du Fort du Roule, le Général von Schlieben et l'Amiral Hennecke se constituent prisonniers avec leur état-major. Néanmoins, la résistance continue à l'Arsenal sous la conduite du Capitaine de frégate Hermann Witt et il faudra une attaque du 47ème RI US du Colonel Smythe pour en venir à bout.

Les combats dans le Val de Saire et dans la Hague

A l'est, dans le Val de Saire, le Major Kuppers tient dans le réduit Osteck (au sud de Fermanville) et sa reddition ne sera obtenue que le 28 juin au matin, après plusieurs jours de combats intensifs.

Dans la Hague, à l'ouest de Cherbourg, le Kampfgruppe Keil ne se rendra que le 30 juin à minuit après que la 9ème DI US l'aura combattu autour des positions d'artillerie d'Auderville.

Le 1er juillet, tous les combats ont cessé dans le nord du Cotentin, 16'000 prisonniers sont rassemblés à Cherbourg et dans la Hague ce qui porte le nombre de prisonniers à 39'000 hommes depuis le Jour J. En 24 jours d'engagement, le 7ème Corps US déplore 22'119 pertes, dont 4'660 pour les seules 82ème et 101ème Aéroportées. Les Allemands déplorent quant à eux 14'000 pertes dans le même secteur.

A la fin du mois de juin, il est clair que les Allemands ont définitivement perdu toute chance de rejeter les Alliés à la mer, mais la conquête du Cotentin n'a pas brisé la défense allemande en Normandie. Un mois difficile de combats va suivre jusqu'à la fin juillet où les Allemands vont tenter de contenir la 1ère Armée US dans sa tête de pont.

 


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